Je dois dire que je suis assez perplexe. Le nouveau courrier que j’ai reçu de mon mystérieux interlocuteur me décrit des faits qui, il y a encore trois mois, m’auraient fait penser à une parabole mythologique ou à quelques romans d’heroic fantasy. La découverte de ce passage, malgré tout le doute cartésien dont je suis capable, a chamboulé ma perception de la réalité. Et je dois bien admettre aujourd’hui que quand j’entends parler de déesses et de transformations magiques, eh bien je ne sais plus que penser. Où s’arrête le fantastique lorsque l’on se rend dans un monde au moyen d’une armoire.
Comme la dernière fois, une note accompagnait l’enveloppe cachetée. Afanc m’indiquait qu’il me ferait parvenir une carte lors de son prochain message. Il précisait aussi que, désormais, il ne pourrait plus venir chercher mes réponses, car il devait s’éloigner pour mener son observation. J’ai réalisé alors qu’il devait s’agir, sans doute, de ma dernière lettre à son attention et qu’il me fallait peser mes mots avec minutie. Ceci, même si l’éventualité d’une rencontre future subsistait.
Quitte à effectuer un nouvel aller-retour, j’ai choisi de rentrer chez moi pour rédiger ma réponse. Bien installé à mon bureau, j’ai d’abord ressenti le syndrome de la page blanche, ne sachant trop que dire pour laisser une bonne dernière impression à mon correspondant.
Puis, secouant la tête comme pour chasser toutes les réticences qui me bloquaient, j’ai commencé par le remercier d’avoir répondu favorablement à ma demande de carte. Je lui ai soumis ensuite le projet suivant : serait-il d’accord pour que je compile son histoire ? Faute de pouvoir échanger sur le vif, puisqu’il ne pourrait plus réceptionner mes réponses je lui proposais de compiler ses lettres et de le rencontrer à la fin de son aventure pour la faire connaitre.
Après lui avoir souhaité bonne chance pour son aventure, je cachetais l’enveloppe, les mains tremblantes d’impatience et d’excitation.
Rivunes 