Disparition

C’est avec délice que j’ai vu arriver ce week-end de trois jours. L’idée même de rattraper mes heures de sommeil, volées durant la semaine par l’invisible morsure glacée, me plongeait aujourd’hui dans un état de béatitude presque idiot. Étonnamment la perspective d’un grand rangement n’a en rien obscurci ma bonne humeur et c’est ainsi que j’ai étalé sur le lit l’ensemble des vêtements et autres affaires que je tenais jusqu’alors en vrac un peu partout dans l’appartement.

Mais il était écrit que cette apparente quiétude devait être étouffée dans l’œuf. Lorsque j’ai ouvert les portes de l’armoire, en plus de l’étrange et persévérant souffle froid qui me fouetta le visage, j’ai eu la désagréable surprise de constater que les affaires jetées là l’autre jour s’étaient évaporées. Faisant fi du ridicule, je me suis mis à quatre pattes et j’ai tâtonné pour voir si le bazar ne se serait pas subrepticement glissé dans quelque recoin sombre. Mes mains n’ont rencontré aucun planché de bois. Le meuble semblait inondé d’une eau glacée dans laquelle se sont enfoncés mes doigts. Je les ai retirés violemment sous le coup de la douleur et les ai observés. J’ai constaté qu’ils étaient secs. Interdit, je suis resté là, bêtement assis devant la gueule béante et froide du monstrueux meuble. Prudemment, j’ai entrepris, après un instant, d’aventurer à nouveau ma paume sur ce plancher irréel. Elle s’est posée, doucement, sur une planche de bois qui, bien que fraîche, ne présentait rien d’étrange.

Je n’arrive pas à comprendre ce qu’il s’est passé… et ce léger souffle qui ne cesse de balayer la pièce rendant totalement inopérant mon radiateur… il n’y a rien au monde qui ne m’exaspère davantage que de ne pas saisir le pourquoi du comment d’une situation. Cela devient franchement exécrable lorsque la situation en question concerne un objet stupide et inerte qui devrait se plier à mes volontés fonctionnelles.

Mais il y a une chose encore plus étrange. Il semble que le vent est plus fort lorsque les portes se referment… Il ne s’agit pourtant pas de battants coulissants qui ouvriraient l’arrière lorsqu’ils sont clos. J’essaie à plusieurs reprises d’ouvrir puis de fermer lentement, une lampe de poche coincée entre les dents, afin d’apercevoir ce qui se joue à l’intérieur, mais rien n’y fait. Vraiment bizarre.

Je vais demander à L., peut-être saura-t-il m’aider.

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